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Christian Martin: le romancier, le nouvelliste, le réalisateur, le lecteur
20 décembre 2016

Less Strade: Agent trrrrès spécial -- Le roman - 24e partie

Source: Externe

Tous droits réservés.

 

*

Je détournai le regard de mes cibles, malgré leur soudain regain d'énergie, pour le porter vers le sol. Crash! La jeune femme se débattait dans les bras titanesques de Sammi Sow! J'avais gaffé. J'aurais dû mieux examiner le terrain où elle allait atterrir avant de lui permettre de sauter. Je connaissais, pourtant, les intentions du troisième homme! C'était avec ce genre de boulot bâclé que l'on faisait des victimes. Si j'en avais eu le temps, je me serais giflé.

À la place, je rengainai mon radiant, sortis mon hyposeringue, en espérant qu'il y resta suffisamment de soporifique, et bondis sur Sow, sans plus tenir compte des traits d'énergie que me balançaient ses deux collègues. J'atterris sur son dos massif de lutteur sumo. De l'hyposeringue, je visai sa carotide.

Un moment, Sow essaya de nous affronter tous deux, Tna et moi. Mais, devant mon insistance à vouloir lui faire mal, il délaissa finalement la jeune femme pour se concentrer exclusivement sur moi.

Qu’attendait donc le soporifique pour faire effet? Au lieu de s'endormir comme un gros bébé, Sammi s'entêtait à vouloir me broyer les os. Évidemment, je résistais au mieux, bandant mes muscles, cherchant à libérer mes membres prisonniers de son étreinte meurtrière. Mais rien n’y fit.

Ma vue se voila. J'étouffais. Il me restait tout juste assez de conscience pour espérer encore que le soporifique fit enfin son effet. Me semblant venir de très loin, j'entendais les détonations des armes radiantes. Les deux autres vautours, sur le toit, s'étaient remis à tirer. Sur qui? Avaient-ils décidé de sacrifier leur gros copain pour m'éliminer? Puis je reconnus le bruit d'un troisième radiant. Tna! Il n'y avait qu'elle pour riposter aux tirs des hommes de Chapeau mou.

Au bord de la perte de conscience, je m'aperçus soudain qu'un filet d'air parvenait à nouveau à mes poumons. L'étreinte de Sammi me paraissait moins insistante.

La suite se déroula très rapidement. Je sentis mes pieds reprendre contact avec le sol. Les bras de mon assaillant me lâchèrent complètement. Je respirai à fond, une fois, alors qu'il s'écroulait sur moi et que je me retrouvais, sur le dos, immobilisé sous son poids.

Il me fallut un certain temps pour m'extirper de sous la masse considérable qui me clouait au sol. Mais une fois libéré, je constatai la situation précaire dans laquelle se trouvait ma compagne d'aventures - de son radiant, elle attirait encore sur elle les foudres des deux vilains corbeaux juchés sur le toit. Vision nocturne enclenchée, et profitant du fait que personne ne faisait attention à moi, je mis en joue Gros Yeux au turban et l'atteignis à l'épaule. Un cri de douleur s'éleva dans la nuit. Gros Yeux s'effondra, inconscient.

En voyant le sort réservé à son copain, le dernier membre du gang des longs couteaux décampa. Je le laissai filer. Inutile de transformer notre expédition en hécatombe.

- Ça va, Tna? demandai-je en m'approchant de la jeune femme.

- Oui, pas de mal. Mais j'avais hâte que tu te décides à me rejoindre.

- Désolé. Notre ami Sammi m'a donné du fil à retordre.

- Tu l'as tué?

- Non, il fait dodo.

J’entraînai ma compagne à ma suite.

- Bon, ce n'est pas tout. Il nous reste encore à regagner le Coup de pot. Aide-moi à ramasser les vidanges, tu veux? la priai-je en désignant le corps du chef de la bande, reposant dans un buisson de chardons.

Nous le chargeâmes dans le glisseur et y prîmes place à notre tour. Les sangles de sécurité nous ligotèrent automatiquement à nos banquettes alors que, déjà, le véhicule s'élevait doucement du sol. Je lui fis faire demi-tour. 

Nous n'avions pas parcouru cinquante mètres dans la ruelle qu'un autre glisseur apparut devant nous. Crash! Celui-ci prenait de la vitesse et semblait bien déterminé à nous emboutir. Son phare unique nous aveugla une fraction de seconde. J'eus juste le temps d'éviter le pire en déviant légèrement la trajectoire de notre appareil. Le nez du glisseur de l'adversaire nous heurta tout de même sur le côté, derrière ma portière. Le choc violent fit virevolter notre appareil, qui ricocha de gauche à droite sur les murs défraîchis des édifices avant de s'arrêter net.                

Sonné, je mis quelques minutes à me remettre les idées en place. Décidément, cette escapade ne se déroulait pas comme prévu. Je me tournai vers Tnarshalla et m'assurai qu'elle n'avait pas trop souffert.

- Rappelle-moi de ne jamais plus sortir avec toi, décida-t-elle en débouclant les sangles qui la maintenaient à son siège.

- Quoi! Tu ne t'amuses pas? Moi qui croyais te faire plaisir!

Sur quoi, je l'enjambai pour m'extraire du véhicule, ma portière refusant obstinément de s'ouvrir.

À l'autre bout de la ruelle, le glisseur de notre assaillant avait frappé de plein fouet une muraille de plastométal renforcé. J'allai examiner les dégâts. Mm... pas très beau. Sous l'impact, les sangles avaient cédé et le chauffeur s'était fracassé le minois sur le tableau de bord. Défiguré, il était méconnaissable. L'hologramme sur sa carte d'identité m'en apprit davantage. Son long nez pointu, ses cheveux roux et ses dents longues derrière son sourire narquois appartenaient à Ryan Fox, pilote, le quatrième homme des longs couteaux. J'aurais mieux fait de lui tirer dans le dos, lorsqu'il avait pris la fuite plus tôt, sur le toit de la remise; il nous aurait causé moins de problèmes. Mes scrupules finiraient par me coûter cher, un jour.

Je revins vers notre glisseur. Tnarshalla, penchée à l'arrière du véhicule, essayait d'en extirper Naï Chapeau mou. Elle pleurait.

- Qu'est-ce qu'il y a?

- Je n'arrive pas à le sortir de là, dit-elle avec une note de désespoir. Il est coincé.

Sans rien dire, je la pris par les épaules, la tournai et la serrai contre moi.

Lorsqu'elle se fut ressaisie, je dégageai notre passager. Nous quittâmes tous trois la ruelle pour l'entrée du turbo la plus proche. Il était temps, car une longue plainte stridente annonçait l'arrivée imminente de la Sécurité de l'astroport. Quelqu'un du quartier s'était sans doute plaint du bruit occasionné par notre petite fête. Il y avait de ces gens peu tolérants de par l'univers!

 

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